Je souhaite d’abord distinguer le désir de grossesse du désir d’enfant. Selon moi, il s’agit là de 2 choses bien différentes… Je m’explique! Tout d’abord, revenons à la question du désir! Le désir se joue à un niveau plus inconscient. Il nous échappe. Une femme peut tout à fait être dans un désir de grossesse sans pour autant vouloir être maman. Je me souviens d’une patiente tombée enceinte « accidentellement » ( l’usage des guillemets est tout à fait à propos) quelque temps après la perte de son grand-père dont elle se sentait très proche, et qui n’était autre que le père de sa mère… Lorsqu’elle évoque cet « accident », elle explique qu’elle ne comprend pas comment elle a pu tomber enceinte alors même qu’elle utilisait une pilule contraceptive. Plus tard, elle fera le lien suivant: » à la mort de mon grand-père, pour réconforter ma mère, je lui ai dit que c’était dans l’ordre logique des choses et que lorsqu’une personne partait, une autre arrivait ». Ne pouvant assumer cette grossesse, car n’étant pas dans un désir d’enfant, cette jeune femme a opté pour une IVG. On comprend bien ici, que cette grossesse n’a rien d’un accident. Inconsciemment, le désir de grossesse allait dans le sens de ce qu’elle désirait « offrir », notamment à sa propre mère, en guise de réparation, de consolation. Pour autant, ce désir de grossesse n’était pas assorti d’un désir d’enfant.
A l’inverse, on peut s’interroger sur les personnes inscrites dans un parcours de PMA, mais ne sont pas animées par un désir d’enfant ou de grossesse. Je pense notamment à une patiente qui, avec son mari, avait entamé un long et douloureux parcours FIV. Au terme de plusieurs années et tentatives, une grossesse apparaît enfin. Mais contre toute attente, cette patiente, décide d’avorter et se sépare de son compagnon dans la même foulée. On peut se demander dans ce cas là, si l’absence de désir n’a pas marqué un frein majeur dans la conception d’un enfant, rendue possible par la médecine « toute puissante ». Une fois l’avènement d’une grossesse, la patiente a ainsi pu interroger son désir de grossesse et d’enfant et a préféré, semble t-il, ne pas y donner suite.
Il ne faut pas non plus sous-estimer la pression sociale qui peut également brouiller la question du désir. Je suis dans une tranche d’âge, tranche de la trentaine, qui n’échappe pas à cette fameuse pression sociale. Je rencontre, des couples, des femmes, qui s’inscrivent dans un »projet bébé » alors même qu’ils, qu’elles, n’ont peut être pas pour autant questionné leur propre désir. Le discours social a alors, comme devancé la véritable question du désir qui appartient à chacun. Le désir étant absent, parfois certaine grossesse tarde à arriver… On peut alors se retrouver dans un cas de figure, où la grossesse se faisant attendre, un « besoin d’enfant » peut alors émerger, faisant du « projet bébé » un véritable enjeu narcissique…
Quoiqu’il en soit, le désir d’enfant ou le désir d’être parent, est différent chez chaque femme, ou homme. Le fait de ne pas vouloir d’enfant, marque également un questionnement face au désir d’enfant. Dire « Je ne veux pas d’enfant », signifie qu’on s’est posé la question…
Parler du désir d’enfant, et plus généralement du « projet bébé », suppose bien des subtilités, que je n’aborderai pas dans ce post tant le sujet peut être complexe. Toutefois, cette brève et simpliste mise en lumière, permet d’amorcer un véritable travail de réflexion autour de cette question centrale et existentielle…