Chaque année au mois d’octobre, est organisée la journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. Je souhaite en parler sur ce blog et revenir sur les points importants.
Qu’est ce que le deuil périnatal? Parler de deuil périnatal, c’est parler de pertes périnatales. Les décès périnataux recouvrent 5 événements de vie majeurs (source : http://www.inspq.qc.ca)
– La fausse couche : décès d’un embryon ou d’un fœtus de moins de 500 grammes, survenant au cours des 20 premières semaines de grossesse.
– La mort fœtale in utero : Décès d’un fœtus pesant plus de 500 grammes
– La mort néonatale : Décès d’un nourrisson survenant dans les 7 premiers jours de vie
– L’interruption volontaire de grossesse : Acte médical mettant un terme à une grossesse à la demande de la femme, dans les 14 premières semaines d’aménorrhée
– Et enfin, l’interruption médicale de grossesse : Acte médical mettant un terme à la grossesse quand celle-ci présente un risque de malformation pour l’enfant ou un danger pour la mère.
On peut ajouter à cette liste la stérilité, qui empêche d’accéder à une grossesse, et qui plonge les couples dans une souffrance périnatale, soit un deuil périnatal…
Face à la douleur d’avoir perdu un enfant, une grossesse, s’ajoute les difficultés d’ordre légales qui opacifient encore un peu plus le concept de deuil/ perte périnatale. En effet, il existe peu de reconnaissance juridique pour ces enfants partis trop tôt.
Finalement, parler de deuil périnatal revient à évoquer la perte d’un enfant, qu’il soit réel, imaginaire ou symbolique, et d’un enfant désiré ou non.
Si aujourd’hui, nous osons parler de plus en plus de deuil périnatal, c’est parce qu’il convient de resituer ce que cela implique d’un point de vu affectif, émotionnel et psychique du côté des parents. Dans l’inconscient collectif, la perte d’un enfant pendant la grossesse ou peu de temps après la naissance, implique une moins grande souffrance et détresse que la perte d’un enfant « connu ». Or, on sait aujourd’hui, et je l’expérimente dans le cadre de ma pratique, que la plupart des mères ou couple concernés, connaissent une véritable période de deuil et de souffrance. Souffrance et douleur, d’autant plus intensifiées, que l’entourage ne parvient pas à comprendre.
Mais comment l’entourage peut-il se représenter la perte de ce qu’a priori nous n’avons pas connu?
Rappelons qu’une femme qui se sait enceinte va investir sa grossesse et son enfant à naître en fonction d’un certain contexte de vie, incluant : son état psychique, l’élaboration de pertes anciennes, les transmissions familiales, les croyances, les désirs, les failles narcissiques, la bienveillance de l’entourage, etc. Ainsi, certaines femmes, dés le début de leur grossesse, vont investir plus ou moins massivement l’enfant à naître. L’enfant existe déjà pour certaines d’entre-elles : elles le sentent bouger, lui parlent, l’imaginent, le portent, le protègent. Bref, il est là! La perte de cet enfant est un événement de vie douloureux qui vient fracturer le cours de l’existence de ces mères, de ces pères, qui parfois se sentent déjà parents et qui subitement, ne peuvent plus faire-valoir leur statut de parents. Une patiente m’expliquait une fois, combien il lui était difficile de répondre à la question : « avez-vous des enfants? ». En effet, pour cette dernière, il y avait eu un enfant, qui malheureusement n’avait pas pu voir le jour. Et cette patiente, se sentait mère.
Une femme ou un homme qui perd son mari ou sa femme, devient veuve ou veuf. Un enfant qui perd un parent devient orphelin. Pourtant, il n’existe pas de mot pour signifier la perte d’un enfant, encore moins lorsqu’il s’agit d’un fœtus ou d’un nourrisson. Cet indicible révèle bien toute la complexité du deuil périnatal.
Comment en parler quand les mots font défauts?
La journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal sert à cela. A éveiller les consciences et à faire entendre combien il est important d’accompagner ces couples, pour les aider à valider ce qu’émotionnellement ils ressentent. L’entourage est bien trop souvent maladroit face à ce genre d’événement. En effet, les couples qui expérimentent un deuil périnatal, se voient contraints de recevoir toutes sortes de remarques :
» Vous aurez d’autres enfants »
» Mieux vaut maintenant que plus tard, là au moins, vous ne l’avez pas connu »
» Il faut envisager une nouvelle grossesse le plus rapidement »
» Maintenant il faut oublier »
Toutes ces phrases reviennent presque à nier la perte périnatale. C’est comme-ci l’entourage invitait les parents en deuil à ignorer ce qui s’est passé, alors même qu’émotionnellement, un tsunami a fait des ravages. On vit dans une société où il n’est pas de bon ton de pleurer ou d’être triste. Pourtant, certaines émotions sont inhérentes à notre existence et ce sont précisément ces émotions qui nous rappellent que nous sommes humains et non des machines. L’émotion a toute son importance puisqu’elle permet de valider un événement. Et lorsqu’un événement douloureux de perte est validé, la personne peut alors entamer son travail de deuil.
Pour ces raisons, j’invite chacun à accompagner du mieux possible un proche qui vit ce genre d’événement, et l’accompagner en respectant son émotion, en ne cherchant pas à invalider ce qui s’est passé. Car nier ce qui s’est passé pour l’autre, c’est nier l’autre en tant que sujet, c’est ne pas le reconnaître en tant qu’individu singulier…
Pour davantage d’informations, soutiens, actions, je vous invite à consulter le site : http://www.auxnomsdespetitsanges.fr/deuilperinatal.html